Sans surprise, les conséquences du Covid sur le marché de l’emploi français sont sans précédent. Dans plusieurs secteurs, les entreprises ont assisté impuissantes à la destruction de milliers d’emplois. Selon les branches d’activité, on observe un déséquilibre déconcertant entre l’offre et la demande. Le taux d’activité variant de 0% à 100% selon les secteurs.
Ainsi, même si une partie des entreprises ont dû réduire leurs activités voire baisser les rideaux. Quelques secteurs ont tiré leur épingle du jeu. Naturellement, les entreprises des secteurs dit « essentiels » continuent à recruter. Certaines sont même allées jusqu’à enregistrer une hausse de leur production.
C’est ainsi qu’on a vu naître de nouvelles professions répondant aux nouveaux besoins sociétaux.
Malgré le fait que les voyants sont au rouge dans le marché de l’emploi, quels sont les métiers qui résistent le mieux à la crise de la Covid-19 ?
Des secteurs inégalement impactés : de nombreuses entreprises sinistrées
Selon l’INSEE, 2020 a été marqué au premier trimestre par la destruction de 502 400 emplois notamment dans le secteur privé. Les Français les plus modestes avec un emploi précaire ont été les plus touchés par la crise, notamment les intérimaires. En effet, l’intérim a connu une chute historique de plus de 40% au premier trimestre, ce qui correspond environ à 318 000 emplois. Malgré les aides massives de l’État, plusieurs entreprises ont subi une vague de licenciements, amenant certains à mettre les clés sous la porte. Celles qui ont été le plus impactées peinent à recruter alors que plus que jamais, elles ont besoin de renfort.
Sans grande surprise, la majorité des métiers s’exerçant au contact d’une grande clientèle sont les plus vulnérables face à la crise sanitaire. Il s’agit des prestataires de services comme les coiffeurs et les artisans, les métiers liés à la culture et au sport, et le secteur de l’hébergement-restauration. Ces métiers représentent 4 millions d’emplois.
Malgré ce marasme, un rebond inédit a tout de même été notifié par l’INSEE au second semestre avec plus de 400 000 créations d’emplois entre juin et septembre 2020. Entre les secteurs clés qui font face à une hausse de leurs activités et les nouveaux secteurs en plein essor pour répondre aux nouveaux besoins de la population, de nombreuses opportunités d’emplois ont aussi émergé.
Les métiers « boostés » par la crise sanitaire
Si certains secteurs ont été frappés de plein fouet par la crise sanitaire, d’autres résistent et ont tiré leur épingle du jeu. Pendant les précédents confinements, certaines entreprises ont eu le vent en poupe et ont continué à recruter. Ce sont les secteurs dits « prioritaires » ou « essentiels », constitués notamment par l’agriculture et l’agroalimentaire, la santé, les transports et la logistique, le secteur du numérique et du digital ainsi que les services tertiaires (banque, assurance, immobiliers, ressources humaines etc.).
Les métiers de la santé et de l’industrie pharmaceutique : sur le front durant la Covid-19
Parmi les secteurs où les offres d’emploi ont explosé, on trouve le secteur de la santé et de l’industrie pharmaceutique. Comme une évidence face au coronavirus, certains Français ont même décidé de tout quitter pour s’orienter dans les métiers liés aux soins. En première ligne durant la lutte contre l’épidémie, les métiers d’aides-soignants, d’infirmiers, de médecins et de pharmaciens ont été fortement recherchés.
Dans les hôpitaux, 15 000 soignants de plus ont été recrutés afin de renforcer les équipes présentes. Ces chiffres ne sont pas étonnants au vu du rôle crucial des personnels soignants pendant la crise sanitaire. Cette hausse des recrutements a été suivie par une amélioration des conditions de travail des soignants ainsi que par la mise en place de nouveaux systèmes de formation.
Le secteur de la e-santé s’est aussi fortement dynamisé avec l’explosion des téléconsultations. Le nombre de rendez-vous médicaux en ligne s’est multiplié par 10, engendrant ainsi de nouvelles opportunités d’emplois pour les professionnels de la santé ainsi que pour les entreprises travaillant sur les systèmes numériques de téléconsultations.
L’agriculture et l’agroalimentaire : un secteur vital
Les secteurs de l’agriculture et de l’agroalimentaire ont tourné à plein régime malgré la crise de la Covid-19. En tant qu’acteurs économique d’envergure et maillons indispensables de la chaîne alimentaire, les entreprises du secteur ont continué leur activité et ont continué à recruter. Entre le respect des mesures sanitaires et l’augmentation de la demande en produits de première nécessité, ils ont dû répondre à un bouleversement de la demande.
Ces entreprises regroupent notamment les entreprises du secteur primaire de l’agriculture comme les exploitations agricoles ainsi que celles du secteur secondaire qui assurent la production et la transformation d’aliments. Selon l’ANIA, le secteur de l’industrie agroalimentaire concerne 720 806 salariés, faisant de lui le premier employeur industriel de la France.
En raison de son caractère « essentiel », le secteur de l’alimentation est peu sensible aux variations du contexte économique en général. Les employeurs ont mis en place des mesures pour protéger leurs collaborateurs et ont continué à embaucher. Au sein des exploitations agricoles, comme les saisonniers étrangers ne sont pas venus en 2020, il y a même eu une pénurie de main-d’œuvre à un moment donné. Actuellement, on assiste à une sorte de rattrapage des embauches qui ont été gelés par les entreprises durant les confinements. La liste est longue, mais ces métiers fortement recherchés concernent par exemple :
- Les responsables qualités
- Les ingénieurs agroalimentaires
- Les opérateurs de fabrication de denrées
- Les responsables logistiques
- Les responsables de conditionnement…
Vers un essor du secteur du digital et de l’économie numérique
Les entreprises du numérique ont été moins affectées par la crise sanitaire. Il s’agit en grande partie des entreprises de l’entertainment dématérialisé, du marché du télétravail, ainsi que de l’e-commerce.
Suite aux différentes mesures sanitaires, nos habitudes se sont profondément transformées tant sur le plan professionnel que personnel. Le digital a envahi nos vies. Entre le télétravail, les réunions en visioconférences, les cours à distance, et les divertissements, le numérique est devenu un mode de vie pour beaucoup.
De nombreuses entreprises investissent alors dans les nouveaux services digitaux. Les startups et entreprises du digital ont donc continué leur percée en proposant des solutions digitales toujours plus performantes. Toutefois, on observe de grandes différences selon les métiers. À titre d’exemple, les métiers du conseil en technologie connaissent plus de difficultés notamment dans l’aéronautique et l’automobile.
Les développeurs web et les éditeurs de logiciels sont ceux qui s’en sortent le mieux (+ 0,3%) grâce à leurs outils qui séduisent davantage de nombreuses entreprises (gestion de données, ressources humaines, outils d’analyses, e-commerce). La fermeture des magasins et des boutiques a entraîné l’essor des activités en ligne. Ils se sont adaptés et ont été dans l’obligation de gérer leurs stocks et flux de marchandises autrement.
Le secteur du numérique a de ce fait continué à recruter pendant les précédents confinements et encore aujourd’hui. La digitalisation des entreprises favorise de nouveaux métiers porteurs, et les fonctions liées au digital devraient connaître une demande ascendante.
Les métiers liés à la sécurité
Il n’est guère étonnant que le poste d’agent de sécurité fait partie des postes les plus demandés. Avec les missions traditionnelles des agents de sécurité s’ajoutent le travail lié à la surveillance du respect des mesures sanitaires à l’entrée des centres commerciaux par exemple.
De même, il y a une forte demande dans le secteur public au niveau des postes de policiers municipaux, notamment dans le cadre du suivi des couvre-feux et des confinements.
Un maintien des emplois liés aux services tertiaires
Selon une analyse publiée par l’APEC, 81% des offres d’emplois publiées sur leur site en 2020 concernent les services tertiaires. Les postes de cadres et de middle management ont connu une forte demande malgré la crise sanitaire. Les offres d’emploi les plus publiées sont liées aux cabinets de conseils-gestion, les services aux entreprises et l’ingénierie.
Dans le contexte incertain où nous sommes, les banques commerciales ainsi que les assurances jouent également un rôle central dans le maintien de l’économie. Si les précédents confinements ont été marqués par une baisse de 34% des offres de l’emploi cadre, celles-ci ont rapidement connu un rebond dès la fin du premier confinement. Ces postes concernent notamment les responsables de la comptabilité, les gestionnaires, mais aussi les conseillers du secteur bancaire ainsi que des compagnies d’assurances. De même, les recrutements se font beaucoup sur les fonctions stratégiques telles que les ressources humaines pour soutenir l’activité des entreprises.
Allons-nous vers un nouveau paradigme ?
Les chiffres indiquent une différence notable entre les flux d’offres d’emploi avant et pendant la crise sanitaire en fonction des secteurs. Le phénomène que nous vivons actuellement a chamboulé notre vie quotidienne tant sur le plan personnel que professionnel. Les experts s’accordent ainsi à dire qu’il y aura un après Covid dans tous les secteurs. Nos comportements seront modifiés de façon durable amenant ainsi la création de nouveaux emplois et boostant certains métiers porteurs.
Dans tous secteurs confondus, les chamboulements liés à la crise pourront induire des changements de paradigmes sur divers volets : économique, social et environnemental. Si nous ne pouvons pas prédire exactement ce que demain sera, nous avons toutefois la certitude que le marché de l’emploi est en évolution constante et se métamorphosera en permanence pour s’adapter à nos besoins. Au fur et à mesure de cette évolution, de nouveaux métiers verront le jour.